Après des siècles pendant lesquels on a reproduit ce qu'on voyait avec un geste de la main, sur les murs des cavernes, sur des toiles, dans le marbre, on est passé à la photographie (premier cliché en 1827 par Nicéphore Niépece (1765-1833)). On a voulu reproduire des vues à l'identique, sans autre intervention humaine que l'œil derrière un appareil. De la photographie au cinéma il n'y a qu'un pas, comme du dessin unique au dessin animé. C'est la rencontre de ces deux techniques qui a fait naître le cinéma. Le tout premier film date de 1895. Il s'agissait du film "La sortie des usines Lumière". Ce premier film, montre tout simplement les ouvriers et les employés des frères Lumière sortant de leur usine. Il a été présenté par les frères Lumières le 28 décembre 1895 avec 9 autres films d'environ 1 minute chacun (Voltige, La pêche aux poissons rouges, L'arrivée des congressistes à Neuville-sur-Saône, Les forgerons, Le jardinier et le petit espiègle, Le déjeuner du bébé, Saut de la couverture, Place des Cordeliers, Baignades en mer). Louis et Auguste Lumière, sont à l'origine de ce qui deviendra plus tard le 7e art dès 1908. Pour concevoir cette machine, les frères Lumière se sont inspirés du travail de beaucoup d'autres inventeurs et Louis avait tout simplement eu l´idée de s´inspirer du mécanisme de la machine à coudre. Avec son frère Auguste et sous les conseils de leur père Antoine, ils ont conçu cet engin qui est monté sur une manivelle. Au départ, les frères Lumières utilisaient des bandes de papier puis petit à petit, ils se sont procuré des bandes de celluloïd pour faire des pellicules. Ce cinématographe permettait de prendre des prises sans utiliser d'électricité et fait aussi office de projecteur. Les deux frères brevetèrent leur invention le 22 mars 1895 avec le court-métrage métrage "Arrivée en Gare de la Ciotat". Ils l´appelèrent le Cinématographe (du grec Kinéma : mouvement et Graphein : écrire). Mais les débuts du "cinéma" remontent bien avant 1820 avec le zootrope de William George Horner (1786- 1837) en 1834. Dans les années 1880, la première utilisation d'une pellicule souple révolutionne la photo et donne l'idée à Thomas Edison, de mettre au point, en 1891, une caméra et un appareil pour visionner les images en mouvement. Ce Kinétoscope qui permettait même de visualiser un film imposait au spectateur de le regarder seul, debout, les yeux collés à une grosse boîte. Dès 1897, Georges Méliès (1861-1938), professionnel du spectacle fait construire le premier studio sont tournés entre six cents et huit cents films en utilisant des décors peints, une caméra en plein air et des pellicules coloriées à la main. C'est en 1902 que le cinéma connaît son premier vrai film à succès, lorsque Georges Méliès (1861-1938) réalise "Le Voyage dans la lune". Le premier long-métrage de l'histoire du cinéma est "The Story of the Kelly Gang", réalisé par Charles Tait (1868-1933), suit de près en 1906. Jusqu'en 1903, le cinéma demeure une simple attraction. Dès 1905, grâce à Charles Pathé, le cinéma perd sa dimension artisanale pour entrer dans l'ère industrielle et capitaliste. Max Linder (1883-1925) est engagé par Pathé et est la première grande vedette mondiale du cinéma. Louis Feuillade (1873-1925), engagé à la veille de 1914, est alors considéré comme le plus talentueux des réalisateurs français. Entre 1896 et 1908, le cinéma est orienté vers une exploitation itinérante et foraine, mais à partir de 1907, les premières salles de cinéma concurrencent rapidement les forains. Entre 1910 et 1930 nait le "Burlesque" qui puise ses sources dans le Cirque, le Vaudeville et le Music-Hall. Il est l'un des premiers genres à s'imposer de manière durable. Charlie Chaplin, Buster Keaton, Fatty Arbuckle, Harold Lloyd, Max Linder connaissent un grand succès et deviennent mondialement connus. Le premier conflit mondial (1914-1918) rompt la prospérité artistique et économique et remet en cause la suprématie du cinéma français. Après la Première Guerre mondiale, on assiste à la naissance d'une réflexion sur l'esthétique cinématographique. Le langage et la grammaire cinématographique du cinéma se développent entre 1908 et 1917. En 1925, Sergueï M. Eisenstein et l'école russe révolutionnent l'art du montage avec "Le Cuirassé Potemkine" en mettant en pratique ses théories sur le montage. Deux innovations techniques étaient nécessaires pour permettre de sonoriser les films projetés en salle par des disques de musique et de chanson : le haut-parleur breveté en 1924 et la bande-son optique, mise au point à la fin des années 1920. Mais le vrai tournant du cinéma est l'année 1929, toutes les salles s'équipent car le public veut du cinéma parlant. En 1927, le premier film parlant, The Jazz Singer, est réalisé par Alan Crosland (1894-1936). Il a été présenté à Hollywood au mois d'octobre de cette année-là et a remporté un franc succès. Dès ses débuts, le cinéma a connu des films coloriés, puis tournés en couleurs par divers procédés. Mais le premier vrai film long-métrage en couleurs est "Becky Sharp" (1935) de Rouben Mamoulian (1897- 1987) tourné avec le procédé Technicolor. C'est le premier dessin animé de Walt Disney Blanche Neige et les Sept Nains (1937) qui va convaincre le public du Technicolor... Malgré l'arrivée des films en couleurs le cinéma en noir et blanc continuera sa carrière avec de grands films et la couleur ne s'imposera qu'au cours des années 1960. Depuis son invention, le cinéma a évolué et maintenant des techniques ont même permis de les visionner en 3D sans oublier le développement du son en 1977 avec le THX. Le cinéma est devenu un art majeur dans notre société et une véritable industrie, même si les films coutent de plus en plus cher à réaliser, mais rapportent énormément d'argent.
Le cinéma représente l'une des inventions les plus fascinantes de l'humanité, transformant notre façon de raconter des histoires et de percevoir le monde. De simples illusions d'optique aux blockbusters numériques d'aujourd'hui, cette forme d'art a parcouru un chemin extraordinaire, marqué par l'innovation technique et la créativité humaine. Les origines : des illusions d'optique aux premières images animées Bien avant que les frères Lumière ne révolutionnent le monde du spectacle, des inventeurs visionnaires explorent les mystères de l'image animée. Dès le XVIIe siècle, la fascination pour l'illusion du mouvement anime les esprits curieux. Ces pionniers comprennent intuitivement qu'en trompant l'œil humain, ils peuvent créer la magie du mouvement à partir d'images fixes. La découverte fondamentale de Joseph Plateau (1801-1883) en 1829 sur la persistance rétinienne explique scientifiquement comment notre cerveau interprète une succession rapide d'images comme un mouvement continu. Cette révélation avec le "phénakistiscope" ouvre la voie à une série d'inventions ingénieuses qui captiveront le public pendant des décennies. Parallèlement, la photographie naît en 1826 avec Nicéphore Niépce (1765-1833) et se perfectionne grâce à Louis Daguerre (1787-1851) en 1839. Cette capacité à figer la réalité sur un support matériel constitue la pierre angulaire technique indispensable pour capturer puis animer des images du monde réel. La naissance officielle du cinéma : les frères Lumière et le cinématographe (1895) Le 28 décembre 1895 marque un tournant décisif dans l'histoire du divertissement et de l'art. Ce soir-là, au Salon Indien du Grand Café à Paris, Auguste (1862-1954) et Louis (1864-1948) Lumière organisent la première projection publique payante de films devant un public médusé. Les spectateurs découvrent avec émerveillement des scènes du quotidien prenant vie sur un écran blanc : des ouvriers sortant d'une usine, un train arrivant en gare de La Ciotat, une séquence si réaliste que certains spectateurs reculent instinctivement, craignant d'être renversés. L'invention révolutionnaire des Lumière, le cinématographe, combine ingénieusement trois fonctions essentielles en un seul appareil : caméra, projecteur et tireuse de copies. Cette polyvalence technique transforme radicalement la diffusion des images animées, permettant enfin une expérience collective et partagée du spectacle cinématographique. Si Thomas Edison (1847-1931) avait déjà développé le kinétoscope en 1891, son système ne permettait qu'une visualisation individuelle à travers un viseur, limitant considérablement l'impact social et culturel de l'invention. Les frères Lumière, en privilégiant la projection collective, créent véritablement le septième art tel que nous le connaissons aujourd'hui. Les pionniers et l'essor du cinéma muet (1896-1927) L'ère du cinéma muet voit émerger des personnalités exceptionnelles qui transforment cette nouvelle technologie en véritable forme d'art. Georges Méliès 1861-1938), magicien de profession, apporte au cinéma sa créativité débordante et son sens du spectacle. Dans son studio de Montreuil, il invente les premiers effets spéciaux : surimpressions, trucages, colorisation manuelle. Ses films fantastiques comme Le Voyage dans la Lune (1902) prouvent que le cinéma peut dépasser la simple reproduction du réel. En Russie, Sergueï Eisenstein révolutionne l'art du montage cinématographique avec Le Cuirassé Potemkine (1925). Sa théorie du "montage des attractions" démontre comment la juxtaposition d'images peut créer du sens et générer des émotions puissantes chez le spectateur. La célèbre séquence de l'escalier d'Odessa reste aujourd'hui encore une référence absolue en matière de construction narrative visuelle. Le passage au cinéma parlant et l'âge d'or hollywoodien (1927-1945) Le 6 octobre 1927, la première new-yorkaise du Chanteur de jazz réalisé par Alan Crosland (1894-1936) bouleverse l'industrie cinématographique mondiale. Pour la première fois, les spectateurs entendent la voix des acteurs synchronisée avec l'image. Al Jolson (1886-195) prononce les mots historiques "You ain't heard nothing yet !" et le cinéma muet commence son inexorable déclin. Cette révolution technique et artistique majeure transforme profondément tous les aspects de la production cinématographique. Hollywood s'impose rapidement comme la "Mecque du cinéma", attirant les plus grands talents du monde entier. Les studios produisent des films à grand spectacle qui fascinent des millions de spectateurs. Le star-system crée des icônes mondiales comme Greta Garbo (1905-1990), Clark Gable (1901-1960) ou Humphrey Bogart (1899-1957). Les genres se diversifient : westerns épiques, comédies musicales éblouissantes, films noirs atmosphériques. Durant la Seconde Guerre mondiale, le cinéma devient également un outil de propagande et d'engagement politique. Charlie Chaplin (1889-1977) réalise Le Dictateur (1940), satire mordante du nazisme qui démontre la puissance du cinéma comme arme contre l'oppression. Hollywood participe activement à l'effort de guerre en produisant des films patriotiques qui galvanisent le moral des troupes et du public. Innovations techniques et esthétiques du XXe siècle Le XXe siècle témoigne d'une accélération spectaculaire des innovations techniques qui redéfinissent constamment les possibilités artistiques du cinéma. L'arrivée de la couleur dans les années 1930, popularisée par des films comme Autant en emporte le vent (1939), ajoute une dimension esthétique nouvelle, permettant aux réalisateurs de composer leurs images comme de véritables tableaux vivants. Les écrans larges apparaissent dans les années 1950 pour concurrencer la télévision naissante. Le CinemaScope, le Cinerama et autres formats panoramiques offrent une expérience immersive spectaculaire, particulièrement adaptée aux films d'aventure et aux épopées historiques. Ces innovations techniques répondent au besoin constant de proposer au public une expérience impossible à reproduire dans le salon familial. Les effets spéciaux évoluent considérablement, maquettes, animations images par images de Ray Harryhausen (1920-2013), aux images de synthèse révolutionnaires de Jurassic Park (1993) et Toy Story (1995). La révolution numérique des années 1990 transforme radicalement la production cinématographique : caméras numériques, montage virtuel, étalonnage numérique, et distribution dématérialisée deviennent progressivement la norme, démocratisant la création tout en élevant les standards de qualité technique. Le cinéma comme art et reflet de la société : regards critiques et expérimentations Le cinéma transcende rapidement son statut de simple divertissement pour devenir un véritable langage artistique et un miroir des évolutions sociales, politiques et culturelles. Jean-Luc Godard (1930-2022), figure emblématique de la Nouvelle Vague française, propose avec sa série documentaire monumentale Histoire(s) du cinéma (1988-1998) une réflexion complexe et poétique sur le rôle du cinéma dans l'histoire du XXe siècle. À travers un montage expérimental mêlant archives, peintures, musique et textes, Godard interroge la capacité du cinéma à témoigner, à documenter, mais aussi à transformer notre perception du réel. Le septième art explore une diversité thématique extraordinaire, des actualités filmées aux grandes fictions épiques, en passant par les documentaires engagés et les expérimentations avant-gardistes. Chaque mouvement cinématographique (néoréalisme italien, Nouvelle Vague française, Nouvel Hollywood américain, cinéma des pays émergents) apporte sa vision unique et enrichit le langage cinématographique global. Le cinéma devient ainsi un outil privilégié de réflexion sur les grandes questions de notre temps : l'identité, la mémoire collective, les injustices sociales, les conflits politiques, les transformations technologiques. Il renouvelle sans cesse ses langages visuels et narratifs, prouvant sa capacité d'adaptation et sa vitalité créative perpétuelle. Conclusion : le cinéma, une invention collective en perpétuelle évolution Plus qu'une simple invention technique, le cinéma représente une aventure humaine collective façonnée par des générations de visionnaires, d'artistes, d'ingénieurs et de rêveurs. De la persistance rétinienne découverte par Joseph Plateau aux algorithmes d'intelligence artificielle qui révolutionnent aujourd'hui la postproduction, chaque étape de cette histoire illustre la capacité humaine à transformer la technologie en art. De la première séance des frères Lumière au Grand Café en 1895 jusqu'aux plateformes de streaming et aux salles IMAX d'aujourd'hui, le cinéma n'a cessé de se réinventer. Il a transformé profondément notre manière de percevoir le monde, de raconter des histoires, de partager des émotions collectives et de construire notre imaginaire culturel commun. Cette capacité d'évolution perpétuelle constitue peut-être la caractéristique la plus remarquable du septième art. Chaque génération apporte ses innovations techniques, ses questionnements esthétiques, ses préoccupations sociales. Le cinéma contemporain mêle tradition et innovation, techniques artisanales et outils numériques de pointe, narrations classiques et expérimentations audacieuses. Aujourd'hui, à l'ère des effets spéciaux numériques hyperréalistes, de la réalité virtuelle et des salles équipées des technologies les plus avancées, le cinéma reste fidèle à sa promesse originelle : créer de la magie à partir de lumière projetée, susciter l'émerveillement, provoquer la réflexion, et nous rappeler notre humanité partagée. Plus qu'un simple divertissement, le cinéma demeure un art vivant et universel, un langage international qui transcende les frontières et les cultures, continuant d'enchanter et d'inspirer des milliards de spectateurs à travers le monde.